Départ : La Marionnaise (les Sestrières) (1980 m)
Topos associés : Pic des 3 Evêchés, Par le Vallon du Fond Pic Blanc du Galibier, versant NE
Orientation : T
Dénivelé : 1700 m.
Ski : 3.3
Sortie du vendredi 28 mars 2025
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : grand beau - températures chaudes en S - températures négatives la nuit du 27 au 28 à 2550m - pas de vent - développements nuageux vers le S en soirée du 27
Conditions nivo et activité avalancheuse : aucune activité constatée au cours des 2 journées
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Mercredi dernier, plus j'y pensais, plus il me semblait que le chiffre 4 pourrait être maléfique. Non pas que je craignais de me lancer inconsidérément dans un 4 affiché pour J2 (quoique) mais, pire encore, je ne sais pas depuis combien d'années je n'étais plus partie avec 4 messieurs dont 3 parfaits inconnus. Mais il arrive un moment où toute aventure qui se présente doit être saisie au vol, faute de quoi, la vie commence à s'emplir de regrets.
Voici donc André, Antoine, Francis, Philippe et moi à un départ fort banal (le pkg de l'itinéraire normal du Pic Blanc du Galibier) et à une heure normale pour le randonneur lambda. Mais pas pour qui craint autant la chaleur que moi. Je commençais donc avec un handicap (comme si je n'en trimballais pas déjà assez !). J'ai vite compris que ma place parmi ces joyeux mou-ski-taires était des plus incongrues : un ex-pisteur, deux himalayistes dont un skieur de haut vol ayant tourné avec les plus grands, et un dernier dont la finesse de ski m'a sauté au moral dès le 1er virage. Mais tout ce petit monde pourvu d'un pouvoir de persuasion, d'encouragement et de soutien hors du commun. Je n'ai donc pas tourné les talons. Et j'ai rudement bien fait.
Pas de dénivelés dantesque mais une 2e journée bien sportive cependant
J1 – Un Petit Galibier à deux faces : chantilly en N, mélasse en S
Itinéraire : Pkg 1980m versant Guisane du col du Lautaret – Petit Galibier E (2765m) – descente en N jusqu'à 2520m – remontée pour traverser une petite brèche à l'E du sommet - courte descente pour traverser quasi à niveau jusqu'au Refuge du Galibier
D+ 970m/D- 400m – 7km - cotation 2.1
skiabilité : versant S : à peine correcte à l'heure descendue (15h20) – versant N : excellente – donc au total : correct
A part, le petit retard à l'allumage dû à une obligation incontournable pour un participant, la chaleur torride dès le départ et ma lenteur par elle aggravée, la journée fut parfaite. Vite dégagés de la cohorte « Pic Blanc » dont un nombre incalculable de jeunes gens en tenue de combat se promenant avec l'argent du contribuable, nous nous hissâmes jusqu'au Petit Galibier pour découvrir en N une poudre parfaite, de celle qui mène les accros au bord de la pâmoison. Certains ont même re-goûté les 200m de nirvana. Ensuite la descente S partielle initialement envisagée et trouvée à l'état de mélasse en cette ap.midi déjà avancée, a vite été abandonnée pour une courte descente suivie d'une traversée tranquille jusqu'au refuge.
J2 – Un tour signé André qui en a plus d'un dans son sac
Itinéraire : Refuge du Col du Galibier – traversée sous le Petit Galibier W – traversée du vallon de l'Anesse – traversée de la crête rocheuse qui descend du Pt 2976 en rive G du vallon de l'Anesse – descente dans le vallon du Fond – montée direction W du vallon qui débouche sur la crête à 2976m au S de la Pte des Lauzettes puis on parvient au Pt 3003 en contrebas duquel on peut chausser – descente du couloir N – refuge puis descente sur les Hieres
D+ 730m – D- 1500m – 14,5km – cotation 4.1 qui doit comprendre la descente du sommet de la Pte et qui peut être ramenée à 3.3 si on entame la descente au collu.
Skiabilité excellente pour les deux descentes
Journée pleine d'émotions. D'abord par la belle lumière du matin, l'air purifié, le décor majestueux. Et puis, je ne me faisais pas trop de soucis : j'accompagne ces messieurs a minima jusqu'au vallon de l'Anesse et là si je ne me sens pas (la fatigue des 5j de la semaine dernière dans le Sud Tyrol n'était pas encore digérée), je monte au Pic Blanc et je descend par la voie normale.
Mais c'est que les mou-ski-taires ne l'entendaient pas de cette oreille ! Pensez donc : laisser une femme seule dans la vaste montagne, non, ça un homme du S ne saurait l'admettre ! Ils ont ferraillé verbalement puis abattu une corniche laissant apparaître un gouffre «qui se descendra facilement à pied ». Il ne me restait alors plus qu'à faire honneur à ce travail de terrassiers et de baratineurs. Mais il en fut comme ils l'avaient dit : j'ai descendu sagement les marches de géant qui s'effondraient même sous mon faible poids et suis parvenue à une plate-forme spécialement et consciencieusement piétinée à mon intention et j'ai tracé mes serpentins guillerets comme les autres jusqu'au vallon du Fond.
Ensuite, il restait un petit 500m jusqu'à la crête où m'attendait le fameux 4. Les 500m furent laborieusement exécutés au moyen d'un nombre de conversions que nous aurait envié le missionnaire le plus zélé. Mais la trace était parfaite et au fur et à mesure de la montée, l'air était moins étouffant.
Quand j'ai vu à quoi ressemblait ce soi-disant 4, l'émotion de l'appréhension a laissé place à une émotion de grand plaisir : tout était en poudre (au moins les 2/3) ; ensuite, il fut possible de s'échapper par la D à travers un champ de boules pour gagner une zone lisse sur de paisibles bombements jusqu'au fond du vallon. Le plus pénible ce fut la montée sans repeautage jusqu'au refuge où une réhydradation autre qu'à l'eau plate était hautement souhaitable après une si glorieuse journée .
Dernière bonne surprise : descente parfaitement skiable et en bon état encore vers 15h jusqu'à la passerelle de Pré Rond. Il ne restait alors que 2km de promenade face à une Meije étincelante. A Ventelon, il y avait un 2e bistrot....
Et quelque chose qui n'arrive pas souvent : 200m de D- de plus que de D+
Merci beaucoup à André pour son invitation et à toute l'équipe pour sa patience et son extrême gentillesse. J'en ai été très touchée.
































